bienvenidos a buenos aires
Jeudi 19 février.
Nous arrivons dans la capitale argentine en début d'après-midi, après 17h de bus depuis les chutes d'Iguazu. La fin de journée sera donc tranquille : nous allons flâner dans le quartier de la Boca, berceau du tango. C'est ici, au milieu du XIXeme siècle, que débarquèrent les immigrés italiens sans le sou, travailleurs de l'industrie bovine. Ce qui confère tant de charme au quartier, ce sont les façades des maisons : de la tôle ondulée colorée grâce au surplus de peinture utilisée à l'époque pour les coques des bateaux.
La Boca, c'est aussi une légende pour les amoureux du
football puisque c'est dans le stade de la Bombonera que le dieu
argentin Diego Maradona a fait ses premiers pas.
Petite histoire du tango :
On pense que le tango apparut dans les années 1880, époque à laquelle arrivèrent beaucoup d'immigrés européens en quête de richesse. Ces derniers passaient leurs nuits dans les cafés et maisons closes, où il créèrent avec les prostitués qu'ils fréquentaient cette danse sensuelle. À l'époque, la bonne société argentine était bien entendu horrifiée par ce nouveau genre musical aux paroles parfois très osées. Ce n'est qu'après avoir été importé, adoré, puis élaboré dans les cabarets chics de Paris que le tango devint acceptable à Buenos Aires. Aujourd'hui, cette danse est légion dans la capitale et attire des danseurs de tout âge et origine confondus. À vos talons !
Vendredi 20 février.
Nous consacrons notre matinée à une balade dans le quartier chic de la Recoleta, et nous pourrions presque nous croire dans les rues de Paris. Mon coup de cœur : le célèbre cimetière dans lequel a été inhumée l'élite de Buenos Aires. En découvrant le lieu, nous avons l'impression d'évoluer dans un musée à ciel ouvert : les caveaux familiaux sculptés dans le marbre et les centaines de statues angéliques veillant sereinement sur les défunts procurent au lieu une ambiance unique.
La sépulture la plus visitée est celle d'Eva Perón (surnommée affectueusement "Evita"), la Lady Di des Argentins. Née dans une famille pauvre de la Pampa, c'est à Buenos Aires en 1944 qu'elle rencontre celui qui deviendra son mari l'année suivante : le colonel Juan Perón. En 1946, ce dernier est élu président de l'Argentine. Il brigue deux mandats, pendant lesquels Eva (promue ministre de l'Emploi et des Affaires sociales) s'emploie à aider les plus démunis : construction de logements sociaux, distribution de vêtements et nourriture, programmes d'aide à l'enfance, accès pour tous aux universités et enfin mise en place de soins gratuits pour les familles nécessiteuses. Cerise sur le gâteau, la première dame milite sans relâche en faveur du droit de vote pour les femmes. À 33 ans, au somment de sa popularité, elle succombe à une leucémie. Le mythe est lancé et aujourd'hui encore Évita est un symbole pour la grande majorité des Argentins. Malheureusement, comme toute histoire celle-ci a sa part sombre. Très sombre. C'est en effet d'une main de fer que le couple Perón gouverne le pays, n'hésitant pas à jeter les opposants en prison et à museler la presse. Il met en place un régime populiste qui pratique la propagande et le culte de la personnalité. Fasciné par l'Allemagne et ses avancées en matière de recherche scientifique, en 1945 le couple n'hésite pas à donner des papiers à 60 000 nazis désireux d'échapper aux tribunaux suite à la chute du régime d'Hitler. Parmi eux, nous pouvons citer Mengele, le tristement célèbre médecin des camps (surnommé l'Ange de la mort pour être responsable du décès de plus de 300 000 juifs) : le bourreau a pu jouir d'une retraite heureuse et finir sa vie en toute impunité sous la protection argentine... Dommage que les admirateurs d'Evita aient (volontairement ?) omis ce "détail" de l'Histoire.