les tresors coloniaux d'ouro preto
Du lundi 9 au mercredi 11 février.
La plage nous ayant lassés, nous décidons d'aller explorer la région montagneuse du Minas Gerais. Après vingt heures dans les transports et une pause pluvieuse dans la grande ville de Belo Horizonte, nous arrivons à Ouro Preto en fin de matinée le lundi. Pour moi, c'est le coup de cœur : une architecture coloniale splendide et authentique, dénuée de tout ce que Salvador avait de surfait. Se promener dans les ruelles pavées aussi glissantes qu'abruptes demande des efforts, certes, mais les points de vue qui s'offrent à nous dans les moindres recoins n'ont pas de prix. Je pense n'avoir jamais eu autant d'églises à la fois dans mon champ de vision : elles sont partout, et tout aussi somptueuses les unes que les autres.
Ouro Preto ("or noir" en français) fut fondée en 1711, et nombre de chercheurs d'or vinrent rapidement s'y installer en espérant y faire fortune, faisant de ce lieu le point de convergence de la ruée vers l'or ainsi que le centre de l'âge d'or du Brésil au 18eme siècle.
La ville se développa donc très rapidement et sa prospérité permit la construction de nombreuses églises baroques (érigées par les mains esclaves arrivant d'Afrique, bien entendu, lorsqu'elles ne trimaient pas dans les mines).
Ouro Preto fut aussi le théâtre des premiers mouvements d'émancipation et de révolte contre la domination portugaise au Brésil à la fin du 18eme siècle : la "Inconfidencia Mineira", menée par Tiradentes qui ne pouvait concevoir qu'une ville aussi riche puisse abriter tant de misère et de pauvreté.
Les trois églises qui m'ont le plus marquée :
• Igreja Matriz Nossa Senhora do Pilar : ornée de pas moins de 434kg d'or et d'argent, cette église est l'une des plus célèbres du Brésil. Personnellement, j'ai trouvé plus qu'indécent le fait d'envoyer des esclaves mourir dans les mines pour pouvoir décorer une église, pensées qui m'ont finalement empêchée de voir l'art en tant que tel.
• Igreja de São Francisco de Assis : la plus importante en matière d'art colonial brésilien puisque Aleijadinho en a sculpté toute la partie extérieure, laissant le soin de la réalisation des peintures intérieures a son fidèle partenaire Manuel da Costa.
• Igreja Matriz de Santa Efigênia e Nossa Senhora do Rosário dos Pretos : c'est l'église des esclaves, érigée par et pour ces derniers afin de pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté (en incluant notamment beaucoup de musique aux cérémonies). Les matériaux nécessaires à la construction furent achetés grâce à la poussière d'or récupérée dans les cheveux et la bouche des mineurs après de longues journées de travail.